ACTUALITÉS PRINCIPALES 2023
Muséum de Genève, résidence et exposition Art et Science 2023
«L’ opposé de l’art, c’est l’indifférence», remarque Bernard Garo. C’est pourquoi la restitution de sa résidence exploratoire évolutive de onze mois au Muséum de Genève sous forme d’une exposition – en dialogue avec ses scientifiques - est une invitation au voyage, un vrai parcours initiatique où l’artiste nous fait part de sa fascination pour la nature qu’il intègre dans son art ainsi que de ses explorations sur place, accompagné par des géologues et guides experts.
Festival international du film sur les glaciers, Genève 2023 - Projections de films et exposition de photographies.
A l’occasion du 7ème Festival International du film sur les glaciers de Genève (décembre 2023) des œuvres photographiques digitale de l’artiste en lien aux glaciers, sont exposées en plein air, sur de grands panneaux, au parc des Bastions à Genève, entre le 9 octobre et 9 novembre 2023. Une expo itinérante qui passera ensuite par Carouge et Nyon.
MANIFESTE ARTISTIQUE 2023
Le grand dehors : un regard contemporain au cœur d’une œuvre environnementale engagée
Les préoccupations de l’artiste Bernard Garo se concentraient tout d’abord sur les topographies du passage et de l’oubli, sur les forces des éléments, les frontières naturelles comme artificielles, le temps et les histoires géologiques des montagnes. Plus récemment s’est immiscée dans son travail l’érosion suivie tout naturellement par le cycle de l’eau et du carbone ainsi que par la "rétraction" des glaciers liée à l’accélération du réchauffement climatique.
Pour développer cette démarche, l’artiste privilégie une approche matiériste entièrement naturelle en introduisant des matières contextualisées dans ses toiles, prélevées directement dans la nature, ce qui le distingue d’autres artistes de cette même famille. Grâce à cette « peau » picturale qui utilise les matériaux de nos origines sa peinture devient une mémoire, une réalité, bien au-delà de toute image ; une surface, une vibration, une structure avec des couleurs, porteuse d’une énergie émotionnelle, considérant l’émotion comme la plus élevée des valeurs artistiques, puisqu’elle réunit indifféremment tous les arts.
Il transpose ainsi dans son œuvre, ce qui le sensibilise le plus, soit « Le Grand Dehors ». Un environnement sans humains ou non humain, inscrit dans un temps géologique long, puisqu’il compte l’ensemble du réel incluant le passé comme le futur, les roches, le magma, la glace, l’eau et les micro-organismes jusqu’aux atomes qui jouent désormais un rôle d’interlocuteurs symboliques et qui forment le plan sur lequel ses œuvres se déploient.
Nous voilà devant un univers inhumain face au drame climatique qui s’annonce. Il ne représente plus l’individu humain dans ses œuvres ; il le laisse en dehors, soit comme spectateur, témoin impuissant du désastre annoncé de la fonte des glaciers, coupable et victime en même temps de l’autodestruction de son propre habitat.
Face à cette réalité, Garo sonde depuis plus de deux décennies avec la peinture principalement, mais aussi avec des installations, des sculptures, des dessins sans oublier la photographie la vidéo et la performance, la mémoire fragile de notre humanité en mesurant l’impact comme la vulnérabilité de l’humain face à son environnement.
L’artiste dans sa quête constante d’absolu et d’évolution, au-delà du visible et du présent, emprunte le vocabulaire de l’art de manière libre pour créer de l’espace, afin d’élargir notre vision du monde jusqu’aux points extrêmes de l’expérience humaine : le gigantesque ou la minuscule, du glacier à la poussière de roche.
Comme en performance avec le collectif interdisciplinaire de la Dernière Tangente (créé en 1999 avec le musicien Eric Fischer et le comédien François Chattot) ou en vidéo au travers du collectif Black Shroud (créé en 2022 avec le cinéaste Marc Décosterd), Garo signe des courts métrages et vidéos d’art à 4 mains, originales, qui replacent la peinture et la matière au centre de l’émotion visuelle, comme une signature, afin de préserver un lien au tangible, au concret, à la plasticité et à une vérité physique qui nous ramène à la mémoire et à la conscience d’un tout.
Joan Francesc Ainaud, critique d’art - Barcelone